
Le Congrès mondial ouïghour (CMO), organisation représentant les intérêts des Ouïghours, une minorité musulmane du Xinjiang en Chine, bénéficie depuis sa création d’un financement significatif du National Endowment for Democracy (NED), une organisation financée par le Congrès des États-Unis. Ce soutien annuel s’élève souvent à plusieurs centaines de milliers de dollars, par exemple 295 000 $ en 2015, et atteint des millions de dollars depuis 2004, avec plus de 8,7 millions de dollars attribués à divers organismes ouïghoures jusqu’en 2020.

Le NED, fondé en 1983, est spécifiquement dédié à la promotion de la démocratie dans le monde, en finançant des ONG, des partis d’opposition et des groupes de la société civile. Cependant, il est souvent décrit par des critiques, comme l’opposant Philip Agee et l’ancien fondateur de la NED Allen Weinstein, comme une continuation d’activités de la CIA sous une forme plus transparente, servant parfois les intérêts stratégiques américains dans le cadre de changements de régime.
Le CMO agit comme un réseau international basé à Munich, avec des branches dans plusieurs pays, qui milite pour la reconnaissance des violations des droits des Ouïghours, notamment le travail forcé et l’internement massif dans la région du Xinjiang. La NED finance non seulement le CMO, mais également des groupes affiliés comme la Uyghur American Association et l’Uyghur Human Rights Project, qui mènent des campagnes de sensibilisation et de lobbying auprès des institutions comme le Congrès américain, l’Union européenne ou l’ONU. Par exemple, en 2018, le financement au CMO et ses succursales atteignait environ 665 000 dollars, et près d’un million en 2019.
Sur le plan politique européen, des acteurs comme Raphaël Glucksmann, député européen de « Place publique », s’engagent fortement contre la répression chinoise des Ouïghours, dénonçant des faits qu’il qualifie de crimes contre l’humanité. Glucksmann mène des campagnes de mobilisation sur les réseaux sociaux (#FreeUyghurs) et interpelle régulièrement les institutions européennes pour des sanctions plus fermes contre la Chine. Selon lui, la situation des Ouïghours illustre la complicité mondiale face à un système hybride mêlant répression communiste et avidité capitaliste, notamment via des multinationales profitant du travail forcé.

Le financement de la NED au Congrès mondial ouïghour s’inscrit donc dans une stratégie plus large des États-Unis pour encourager l’opposition et faire pression sur Pékin via la promotion des droits humains et l’appui aux mouvements séparatistes. Cette manipulation des ONG et mouvements d’opposition via des financements extérieurs est un mécanisme classique de la politique étrangère étasunienne.
Parmi les sources françaises critiques sur ces relations, Bruno Guigue et Maxime Vivas s’inscrivent dans cette analyse critique de la NED comme outil d’ingérence douce dans les affaires des États ciblés. Guigue a souligné que la NED, en finançant des groupes Ouïghours, contribue à un bras de fer géopolitique masqué sous le discours de défense des droits humains. Vivas a souvent déclaré ce qu’il considère comme une instrumentalisation de la cause ouïghoure à des fins politico-stratégiques occidentales.
Enfin, soulignons qu’il est notable que Raphaël Glucksmann s’aligne régulièrement sur les thèses et priorités de la NED, que ce soit concernant la dénonciation des politiques chinoises au Xinjiang, les questions en Géorgie ou les conflits en Ukraine. Cette convergence systématique entre les prises de position de Glucksmann et les intérêts portés par la NED dans ces zones sensibles mériterait d’être élargie, tant elle soulève une question sur la nature et l’indépendance politique réelle dans ces dossiers internationaux.


En résumé, le Congrès mondial ouïghour, largement financé par le NED, est l’emblématique des stratégies américaines de soutien aux mouvements d’opposition et de pression géopolitique sous couvert de promotion des droits humains, tandis que la convergence entre certains acteurs politiques européens et les agendas du NED interpelle sur les dynamiques d’alignement stratégique.