
Un rapport révélé par Declassified UK met en lumière que plusieurs officiers de l’armée israélienne, actuellement impliqués dans les opérations militaires à Gaza, ont été formés dans des institutions militaires prestigieuses du Royaume-Uni, notamment le Royal College of Defence Studies (RCDS). Cette révélation soulève d’importantes interrogations sur la complicité britannique dans les actions controversées menées à Gaza ainsi que sur la portée réelle de la formation aux droits humains dispensée lors de ces cursus.
Le RCDS : Une école d’élite militaire
Le Royal College of Defence Studies, situé à Belgravia, Londres, est une institution militaire britannique hautement reconnue, fondée en 1927 sous le nom d’Imperial Defence College. Elle vise à ancien des officiers supérieurs de divers pays, en leur donnant une vision stratégique globale de la sécurité internationale. Alors que Sandhurst forme les officiers subalternes, le RCDS s’adresse aux cadres intermédiaires ayant vocation à accéder aux fonctions de haut commandement. La formation comprend notamment une sensibilisation aux lois humanitaires internationales.
Un réseau d’officiers israéliens formés au Royaume-Uni
Selon une liste d’anciens élèves révélée suite à une fuite diffusée par Distributed Denial of Secrets, plusieurs dirigeants militaires israéliens actuellement actifs dans le conflit à Gaza ont été formés au RCDS. Parmi eux figure le colonel Yaniv Asor, chef du commandement sud de l’armée israélienne (IDF Southern Command) depuis mars 2025, poste clé dans la conduite des opérations dans la bande de Gaza. Il est notamment pointé du doigt dans la chaîne de commandement responsable du bombardement de l’hôpital Nasser à Khan Yunis, tragédie ayant causé de nombreuses victimes civiles.
D’autres officiers formés au RCDS occupant des postes stratégiques incluent :
- Amir Baram, directeur général du ministère israélien de la défense, impliqué dans les opérations de combat à Gaza,

- Le Major Général Itai Veruv, commandant des forces profondes, chargé des opérations au cœur du territoire ennemi,

- Harel Knafo, coordinateur des opérations d’information dans le commandement sud,

- Hidai Zilberman, ancien porte-parole de l’IDF et directeur de la planification militaire.

Controverses et critiques sur la formation et la responsabilité britannique
La présence de soldats israéliens impliqués dans des actions ayant causé des victimes civiles, formées au Royaume-Uni, suscite une vive polémique. L’ancien général britannique Charlie Herbert appelle à expulser immédiatement tous les officiers israéliens en formation au Royaume-Uni et dénonce ce qu’il considère comme une complicité du gouvernement britannique dans les opérations israéliennes à Gaza. Il qualifie l’attitude du gouvernement de Keir Starmer d’honte pour des décennies ».
Malgré l’annonce du ministère britannique de la Défense selon laquelle les soldats israéliens ne seront plus formés au RCDS à partir de 2026, des officiers actuellement en formation au Royaume-Uni pourront achever leur cursus. Jusqu’à quatre soldats israéliens restent encore en formation dans des établissements militaires britanniques.
Un porte-parole du ministère de la Défense précise que les formations britanniques insistent sur le respect du droit humanitaire international. Toutefois, il condamne la décision du gouvernement israélien de poursuivre l’escalade militaire à Gaza et appelle à une solution diplomatique immédiate comprenant un cessez-le-feu, la libération des otages et une augmentation de l’aide humanitaire.
Cas d’Effie Eitam : un exemple controversé
L’article mentionne également le cas d’Effie Eitam, ex-politicien et ancien commandant d’une division de l’IDF, diplômé du RCDS, connu pour ses déclarations violentes à l’égard des Palestiniens. En 1988, il avait exhorté ses troupes à combattre un Palestinien à mort, ce qui est devenu un exemple symbolique des violences au sein des forces israéliennes sous certains commandements.

Autres formations et acteurs israéliens au Royaume-Uni
Outre le RCDS, des officiers israéliens suivent ou ont suivi des formations avancées comme le Advanced Command and Staff Course (ACSC) à Shrivenham. Le porte-parole actuel de l’IDF, Efraim « Effi » Defrin, est un exemple d’officier ayant conservé de ce type de formation au Royaume-Uni.

Cette enquête soulève ainsi de nombreuses questions sur les relations militaires entre le Royaume-Uni et Israël, sur la responsabilité morale et politique du Royaume-Uni dans le soutien indirect aux actions militaires en cours à Gaza, et sur l’efficacité de la formation britannique en matière de droits humains dans un contexte militaire international. Elle illustre aussi la complexité des enjeux géopolitiques, où des liens anciens et institutionnels doivent être réexaminés face aux réalités d’un conflit meurtrier.