À l’Élysée, il y a toujours eu des hommes de l’ombre. Sous Mitterrand, c’était François de Grossouvre : confident secret, intermédiaire discret, et parfois exécuteur du “sale boulot” politique, retrouvé mort dans son bureau en 1994 dans des circonstances officiellement qualifiées de suicide, mais qui nourrissent encore les spéculations. Aujourd’hui, sous Emmanuel Macron, un nom circule avec la même aura de mystère : Paul Soler.

À 45 ans, Paul Soler reste un nom inconnu du grand public, mais dans les couloirs de l’Élysée, il circule comme une énigme. Ancien des forces spéciales, discret jusqu’à présent, il est devenu l’un des collaborateurs les plus secrets d’Emmanuel Macron. Officiellement, il est « envoyé spécial pour la Libye ». Officieusement, ses allées et venues, ses missions en zones sensibles (Ukraine, Lybie et Moyen Orient) et son rôle auprès du président intriguent jusqu’aux diplomates chevronnés. Certains voient en lui un simple relais, d’autres un émissaire parallèle. Et beaucoup, dans les milieux politiques, évoquent déjà l’ombre d’un autre homme secret de la Ve République : François de Grossouvre, intime de François Mitterrand, dont le destin tragique plane encore comme un avertissement.
Qui est Paul Soler ? Les faits publics
Sur le site officiel de la présidence, Paul Soler figure comme « Adviser, Special Envoy for Libya » — un titre simple qui dissimule, pour de nombreux observateurs, un périmètre d’action plus large et souvent hors publicité. Les comptes-rendus de presse le décrivent comme un ancien des forces spéciales devenu l’un des interlocuteurs privilégiés et discrets du président pour les « dossiers sensibles »..
Des médias spécialisés en renseignement et géopolitique ont décrit Soler comme « l’homme que Macron envoie » quand il faut agir en coulisses : négociations avec des acteurs non étatiques, missions en zones instables, lien avec des réseaux informels en Méditerranée et en Afrique du Nord. Ces récits insistent sur la mobilité du personnage (voyages fréquents) et sur la faible visibilité institutionnelle de ses mandats.
Les zones d’ombre confirmées — ce que la source publique ne dit pas
- Mandat, responsabilité et chaîne de comptes : le titre officiel n’explique ni les règles d’engagement, ni qui contrôle ses actions, ni les modalités de sa coordination avec le Quai d’Orsay, le ministère des Armées ou les services de renseignement. En pratique, plusieurs sources journalistiques évoquent un mandat très personnalisé, directement lié à la confiance présidentielle.
- Opérations « non-publiques » : les journalistes parlent de missions de « diplomatie opérationnelle » (médiation, contacts avec des milices, facilitation d’échanges) qui, par définition, échappent souvent aux voies officielles et à la transparence parlementaire. Là où l’État préfère le secret pour raison d’efficacité, se posent immanquablement des questions de responsabilité.
- Liens et proximités problématiques : des articles rappellent que des acteurs non institutionnels (conseillers, intermédiaires privés) gravitent autour de certains dossiers libyens et sahéliens, et que la porosité entre sphère publique et réseaux privés peut compliquer la reddition de comptes. Les médias qui ont enquêté notent ces liaisons sans pour autant fournir d’éléments judiciaires concrets.
La comparaison avec François de Grossouvre..
La référence à François de Grossouvre — « homme de l’ombre » de François Mitterrand, retrouvé mort à l’Élysée en 1994 dans des circonstances officielles qualifiées de suicide par balle. — est lourde d’histoire et d’émotion. Le parallèle est tentant parce que, sur le papier, certains traits se recoupent : proximité personnelle au sommet, rôle non institutionnalisé, accès à des informations sensibles, opacités dans les missions.
Vous pouvez retrouver l’article de Philippe sur de Grossouvre et son role obscur sur notre site : https://tribunepopulaire.com/francois-de-grossouvre-et-le-reseau-gladio-francais/
Pourquoi la comparaison inquiète et pourquoi elle est utile pour l’analyse politique ?
La case Grossouvre fonctionne comme un « mythe-repère » : elle illustre les risques (pour l’État de droit et pour la santé démocratique) lorsque des acteurs non-contrôlés opèrent au nom du chef de l’État. Les questions qu’elle soulève restent d’actualité :
- Qui contrôle les mandats officieux au sommet ?
- Quels garde-fous (parlementaires, judiciaires, administratifs) existent quand l’exécutif utilise des canaux parallèles ?
- Quelle est la traçabilité et la responsabilité de ces opérations si elles tournent mal ?
Ces questions ne sont pas des accusations : ce sont des points d’audit démocratique légitimes. Elles valent pour toute présidence qui externalise une part de sa diplomatie.