Un gouvernement introuvable, une République à l’agonie

Le gouvernement de Sébastien Lecornu nommé Premier ministre le 9 septembre dernier, aura été un des plus éphémères de la Ve République, un gouvernement fantôme. Avant-hier, douze heures après avoir annoncé les premiers noms de dix-huit ministres dont plusieurs étaient déjà en poste auparavant (on prend les mêmes et on recommence…), il a présenté sa démission à Emmanuel Macron, avouant être dans l’incapacité d’exercer ses fonctions, les conditions n’étant pas remplies pour lui. Bruno Retailleau, ex ministre de l’Intérieur avait la veille au soir exprimé ses doutes sur la participation au gouvernement de son parti Les Républicains (LR). La nomination de Bruno Le Maire à la Défense, ancien ministre de l’Économie, qui nous avait éblouis par ses talents de grand argentier… mais surtout transfuge LR, n’est pas passée dans les rangs de la droite.

Le décret de nomination des ministres étant déjà publié, les membres du gouvernement Lecornu bénéficient de leurs avantages d’anciens ministres, trois mois de salaire (~ 28 000 euros brut, pour un coût total de ~ 500 000 euros). Ce n’est pas la crise pour tout le monde…

La chute du gouvernement a fait décrocher la Bourse de Paris de 2 %, l’euro a dégringolé et le risque est la dégradation de la note du pays sur le marché obligataire en devant emprunter à un taux encore plus élevé.

Une crise institutionnelle

Peu importe les causes qui ont amené à cette démission, elles sont révélatrices de la crise institutionnelle que vit la France depuis plusieurs années. La Ve République est à bout de souffle pour ne pas dire à l’agonie. Mise en place en 1958 par Charles de Gaulle, elle n’est plus adaptée à la situation politique, sociale et économique du pays. Elle est notamment dotée d’un pouvoir présidentiel fort dont l’emprise exercée sur le pouvoir exécutif est (trop) grande.

L’incapacité des différents partis à trouver un compromis pour s’accorder sur la politique nationale – d’austérité – proposée (retraite, chômage, impôts, etc.) a fait voler en éclats un gouvernement aux assises trop fragiles. Aucun parti ne peut revendiquer avoir la majorité et plus personne ne soutient Emmanuel Macron, réélu président par défaut, à commencer par la plupart des Français. Son impopularité atteint des sommets.

Une gouvernance supra-nationale

L’Union Européenne et ses politiques d’austérité qui appauvrissent les peuples est le gouvernement supra-national auquel tout chef d’état d’un pays membre est astreint à se soumettre. C’est Bruxelles qui dirige les vingt-sept pays de l’Union en édictant sa politique économique et sociale, en appliquant les législations communes, sans concertation avec les peuples, dans un déni de démocratie édifiant. Nous sommes dans une Europe vassalisée par les États-Unis auxquels Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, est manifestement soumise.

Les dépenses faramineuses pour l’Ukraine, 59,6 milliards d’aide militaire, 164,8 milliards en tout de différentes aides pour le pays, un coût pour la France à ce jour de 7,5 milliards, l’ingérence dans la politique intérieure des pays en annulant des élections ou des candidatures qui ne conviennent pas, la gabegie concernant la crise du Covid-19 (injections ARNm, confinements, fermetures d’entreprises et commerces, etc.) qui se chiffrent en centaines de milliards, ont laminé les économies et la confiance des peuples.

Concernant la France, les Jeux Olympiques de Paris en 2024 ont coûté presque 7 milliards d’euros, d’après la Cour des comptes et n’ont apporté aucun bénéfice. Or, le mantra des dirigeants qui donne le vertige à force d’être asséné à longueur de journée, est Austérité ! Austérité !

Pour ce qui est des ventes de nos fleurons industriels, cela n’est guère mieux. « En 10 ans, la France a perdu un million d’emplois industriels. (…) Pendant cette période 100 usines par an, en moyenne, ont fermé. (…) Tout le monde sait le rôle de ce président, alors ministre des finances imposé à Hollande par le club Bilderberg et la famille Rothschild, dans la vente de la partie énergie d’Alstom avec les turbines Arabelle à l’états-unien General Electric. S’ajoutent à cette forfaiture la vente d’Alcatel à Nokia (alors qu’Alcatel aurait pu absorber Nokia), la cession de Lafarge, celle des Chantiers de l’Atlantique ou encore, à un fonds de pension états-unien, de la vieille firme française Latécoère, pionnière de l’aviation. (…) Ces abandons succédaient à la destruction de Pechiney et à l’absorption d’Arcelor par l’Indien Mittal… Aujourd’hui, Sanofi vient de céder 50 % d’Opella, sa filiale santé grand public commercialisant le Doliprane, à un fond d’investissement états-unien. Quant à EDF, après avoir été désarticulée, elle est menacée par les ambitions germaniques et voit sa production nucléaire à bas coût renchérie artificiellement pour complaire à l’Allemagne. EDF compense ainsi les coûteux choix idéologiques en matière énergétique de Berlin et pénalise notre industrie et le niveau de vie des Français » (« Europe totalitaire et survie de la France », Henri Roure, Breizh-info, 19 août 2025).

Aussi, quel que soit le gouvernement mis en place, la situation ne fera que s’aggraver pour les Français dont le pouvoir d’achat se réduit comme une peau de chagrin. La casse du service public, des acquis sociaux, l’allongement du départ à la retraite, le chômage, la défiance vis-à-vis des responsables politiques quel que soit le parti, incapables d’offrir un avenir stable au pays, sa perte de souveraineté due à l’Union Européenne passablement corrompue (cf. la gestion du Covid-19, entre autre), les différentes crises économique, sociale et culturelle, sont le triste bilan d’une France qui se porte mal.

Bien que sans gouvernement, des décrets continuent de passer dont nous n’avons pas connaissance. La machinerie bureaucratique aux mains de fonctionnaires dont une bonne partie siège à Bruxelles, continue son travail souterrain…

Quelles solutions s’offrent à nous ?

Voter une motion de destitution du président est le premier acte sensé de mon point de vue à faire. Encore faut-il que les partis politiques d’un commun accord le veuillent, ce qui n’est pas gagné d’avance… Et qui viendra remplacer le président actuel, un autre pantin au service d’intérêts privés qui ne sont pas ceux du peuple ? Déjà, Édouard Philippe se positionne pour 2027 en appelant à la démission de Macron et à des élections présidentielles anticipées : qui voudrait d’un Macron bis ? Ses fidèles lieutenants commencent à le lâcher, les rats quittent le navire en train de couler… C’est bien connu qu’en politique, il y a plus à craindre de ses propres amis que de ses ennemis.

Dissoudre l’Assemblée Nationale et organiser de nouvelles élections législatives ne sera qu’un sursaut de plus donné au pouvoir en place et ne réglera rien.

Sans jouer aux Cassandre, le pays est dans une impasse politique comme jamais, à moins que le peuple français ne se réveille. Lui seul peut faire basculer la situation, à condition de ne pas tomber dans les extrêmes qui ne feront que renforcer la dérive antidémocratique que nous subissons depuis des années.

À l’heure où j’écris ces lignes, j’apprends que le spectre du gouvernement Lecornu fait une réapparition de quarante-huit heures… La mascarade politique continue qui est de gagner du temps pour la Macronie, avec un président qu’on nous montre dans une belle théâtralité déambuler seul sur les quais de Seine, son portable à la main : en quête d’ordres venus d’on ne sait où ?

De toute cette Commedia dell’arte une chose est certaine, la République au gouvernement introuvable, est à l’agonie…

© Bettina Flores, 7 octobre 2025.

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