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Notre Ă©poque traverse une crise sourde, mais structuranteâŻ: celle du recul du devoir individuel. Chacun sâindigne des dĂ©rives collectives â dĂ©sinformation, violences, dĂ©gradation de lâenvironnement, sexualisation prĂ©coce, harcĂšlement numĂ©rique â mais bien peu sâinterrogent sur leur propre contribution, souvent passive, parfois inconsciente. Or, une sociĂ©tĂ© ne sâeffondre pas uniquement par le haut, mais aussi par lâaccumulation de renoncements personnels.
La dĂ©mocratie ne repose pas seulement sur des institutions : elle suppose un citoyen Ă©clairĂ©, câest-Ă -dire lucide, actif, vigilant, capable de discernement et attentif aux contraintes qui pĂšsent sur ses choix. Cela implique des droits, mais aussi des devoirs â Ă commencer par celui de penser, mĂȘme dans un monde Ă©puisant, fragmentĂ©, saturĂ© de signaux contradictoires.

1. đ§ ConnaĂźtre ses droits pour exercer sa libertĂ©
«âŻNul nâest censĂ© ignorer la loiâŻÂ» nâest pas une maxime juridique contraignante, mais une exigence dĂ©mocratique minimale. On nâattend pas de chaque citoyen quâil soit juriste. Mais chacun devrait, face Ă une situation concrĂšte â contrat, soin mĂ©dical, usage numĂ©rique â se poser cette question : quels sont mes droits, quels sont mes devoirs, et oĂč puis-je les vĂ©rifier ?
Il est crucial de rappeler que la connaissance des droits nâest jamais figĂ©e. Les lois Ă©voluent, se modifient, sâadaptent aux contextes nouveaux. Se tenir Ă jour constitue donc un devoir tout aussi fondamental que leur connaissance initiale. Prendre pour acquis une rĂšgle ou un droit sans vĂ©rifier sa validitĂ© au moment prĂ©sent peut conduire Ă des erreurs lourdes de consĂ©quences. Cette vigilance permanente est la clĂ© dâun exercice lucide et responsable de la libertĂ©.
đ Beaucoup nâont pas le luxe du temps ou de lâĂ©nergie pour tout vĂ©rifier. Pourtant, mĂȘme dans ces conditions, dĂ©velopper ce rĂ©flexe critique est vital.
Lâignorance, mĂȘme sincĂšre, nâefface pas les implications juridiques. Le droit est parfois opaque, mais il est public, opposable, consultable. Ce rĂ©flexe de vĂ©rification, comme on croise ses sources, fait partie intĂ©grante de lâexercice de la libertĂ©.
Pour savoir comment se tenir informé efficacement et actualiser réguliÚrement ses connaissances juridiques, voici quelques pistes concrÚtes :
- Apprendre à utiliser les outils officiels de recherche, notamment le site Legifrance, qui regroupe textes législatifs, réglementaires et codes en vigueur.
- Se familiariser avec la structure et la rĂ©daction spĂ©cifique des lois, ainsi que leur contexte dâapplication, afin dâen faciliter la comprĂ©hension.
- Sâinitier Ă la lecture et Ă lâanalyse des jurisprudences, indispensables pour comprendre comment les textes sont interprĂ©tĂ©s par les tribunaux.
- Consulter réguliÚrement le Journal Officiel de la République Française (JORF), source officielle des nouvelles publications légales et décrets.
Lâusage rĂ©flĂ©chi et critique des outils numĂ©riques, y compris des intelligences artificielles, peut utilement complĂ©ter cette dĂ©marche, Ă condition dâen vĂ©rifier la fiabilitĂ©.
đ Cas pratique : Lors de la crise sanitaire, certains soignants ont Ă©tĂ© suspendus pour avoir refusĂ© une injection sans pouvoir exercer pleinement leur droit au consentement libre et Ă©clairĂ©*. Ce cas, analysĂ© dans lâarticle «âŻSoignants suspendus, une ingĂ©nierie sociale sous anesthĂ©sie du droit communâŻÂ», illustre la tension entre injonction institutionnelle et autonomie personnelle. ConnaĂźtre ses droits devient alors un acte de rĂ©sistance lĂ©gitime.

2. âïž Le consentement ne se rĂ©sume pas Ă la sexualitĂ©
Depuis #MeToo, la notion de consentement a (re)fait irruption dans le dĂ©bat public â mais souvent cantonnĂ©e Ă la sphĂšre intime. Or, le consentement libre et Ă©clairĂ© est une exigence universelle : soins mĂ©dicaux, contrats, captations dâimage, acceptation des cookies ou des conditions gĂ©nĂ©rales.
Le consentement, pour ĂȘtre valable, ne peut ĂȘtre ni tacite, ni flou, ni contraint. Il exige une information loyale, une capacitĂ© de discernement et un espace de luciditĂ© intĂ©rieure â ce qui suppose un minimum de temps, de recul, et donc des conditions structurelles favorables. LĂ encore, chacun a une part Ă jouer⊠y compris les concepteurs de ces dispositifs.
đ Cas pratique : Un formulaire numĂ©rique demande de cocher «âŻjâaccepteâŻÂ» en bas dâun document de trente pages. Or, dans ce texte se cache une clause autorisant la revente de vos donnĂ©es personnelles Ă des tiers. Avez-vous vraiment consentiâŻ?

3. đ La lĂ©gĂšretĂ© comme norme pensĂ©e Ă lâĂšre de la distraction
Dans Lâobsolescence de lâhomme (1956), GĂŒnther Anders observait avec acuitĂ© la montĂ©e dâun monde dans lequel les humains se sentiraient infĂ©rieurs Ă leurs propres crĂ©ations techniques. Selon lui, lâĂšre industrielle nâa pas seulement changĂ© nos outils : elle a transformĂ© notre maniĂšre de penser â ou plutĂŽt de ne plus penser.
Anders dĂ©nonce ce quâil appelle la honte promĂ©thĂ©enneâŻ: le sentiment de ne plus ĂȘtre Ă la hauteur de ses propres crĂ©ations. Dans un monde saturĂ© de distractions, de conforts et dâalgorithmes de prĂ©diction, la pensĂ©e critique devient elle-mĂȘme obsolĂšte, remplacĂ©e par des rĂ©ponses Ă©motionnelles toutes faites.
Comme le souligne Neil Postman dans Se distraire Ă en mourir, la culture de la distraction permanente empĂȘche lâattention soutenue, pilier de la rĂ©flexion autonome.
đ Cas pratique : Lâusage massif de lâintelligence artificielle gĂ©nĂ©rative (images, textes, voix) participe Ă une dĂ©lĂ©gation cognitive. Ă force de confier la rĂ©daction dâun CV, la formulation dâun argument ou la crĂ©ation artistique Ă une machine, on se dĂ©charge de la complexitĂ© â au risque de perdre notre autonomie.
Cette dĂ©lĂ©gation cognitive, symptĂŽme dâune pensĂ©e en veille, trouve un Ă©cho profond dans les travaux dâHannah Arendt, pour qui lâabsence de pensĂ©e constitue un danger politique majeur.

4. đŻ Lâeffondrement progressif de la pensĂ©e et ses enjeux politiques
Pour Hannah Arendt, lâeffondrement de la pensĂ©e ne survient pas brusquement : il se diffuse, insidieusement, Ă travers lâisolement des individus, lâabandon du dĂ©bat contradictoire, et la destruction de la factualitĂ© dans lâespace public. Ce ne sont pas tant le mensonge ponctuel ou lâignorance qui caractĂ©risent les rĂ©gimes totalitaires, que la fabrication mĂ©thodique de rĂ©alitĂ©s alternatives, rĂ©pĂ©tĂ©es jusquâĂ devenir crĂ©dibles.
Dans Les Origines du totalitarisme, Arendt analyse comment lâeffacement progressif du rĂ©el â par la propagande, la terreur ou le conditionnement des masses â affaiblit le jugement politique. Ce nâest pas que tout devient ârelatifâ, câest que tout devient âsubstituableââŻ: les faits ne disparaissent pas, ils sont remplacĂ©s.
Dans Eichmann Ă JĂ©rusalem, elle introduit la notion de banalitĂ© du mal, non pour excuser lâhorreur, mais pour souligner quâelle peut ĂȘtre perpĂ©trĂ©e sans haine, par pur conformisme, par incapacitĂ© Ă penser la portĂ©e de ses actes. Ce nâest pas lâabsence dâintelligence, mais lâabsence dâun dialogue intĂ©rieur â cette activitĂ© de la pensĂ©e qui nous rend capables de vivre avec nous-mĂȘmes â qui rend le mal possible.
Penser ne nous immunise pas contre lâinstrumentalisation mentale, mais nous rend moins disponibles Ă lâoubli de nous-mĂȘmes. Cela suppose de cultiver une vigilance constante envers le langage, le rĂ©el, les consĂ©quences de nos actes â mĂȘme les plus routiniers.
đ Cas pratique : Lâalgorithme dâun rĂ©seau social vous enferme dans une bulle dâopinions. Peu Ă peu, vous cessez dâexposer vos idĂ©es Ă la contradiction. Vous ne les pensez plus : vous les rĂ©pĂ©tez. Et câest ainsi que le dĂ©bat public se dĂ©lite.

5. đž Droit Ă lâimage et engagement numĂ©rique
On invoque souvent les plateformes comme boucs Ă©missaires des dĂ©rives numĂ©riques. Mais quid de lâimplication des internautesâŻ? Partager une vidĂ©o, un enregistrement, une photo, mĂȘme anonymisĂ©e, sans autorisation de lâintĂ©ressĂ©, constitue dans la majoritĂ© des cas une atteinte au droit Ă lâimage.
La voix, tout comme lâimage, relĂšve de ce droit, notamment dĂšs lors quâelle permet une identification directe ou indirecte, mĂȘme sous pseudonyme.
Tout propos tenu en ligne ne devient pas automatiquement public et réutilisable. Le droit ne se délÚgue pas. Et le respect ne se clique pas.
đ Cas pratique : Un internaute diffuse un enregistrement audio dâun espace Twitter sans avertir les participants. Certains dĂ©couvrent ensuite leurs propos exposĂ©s publiquement, parfois dĂ©formĂ©s, et associĂ©s Ă leur pseudonyme. Lâenjeu nâest pas que juridique â il est Ă©thique.

6. đ§ LâĂ©ducation commence par lâexemplarité⊠et la vigilance
Un enfant nâapprend pas seulement ce quâon lui dit â il reproduit ce quâil voit. Or, les adultes, y compris les plus visibles, multiplient les contradictions : dĂ©nonciation de la vulgaritĂ© en ligne, mais relais de contenus humiliants ; discours sur la bienveillance, mais moqueries Ă peine voilĂ©es.
La sexualisation prĂ©coce est une illustration criante de ce dĂ©calage. Sous couvert de mimĂ©tisme ou de libertĂ©, on expose les enfants Ă des vĂȘtements, du maquillage, des programmes qui ne leur sont pas destinĂ©s. La tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©, souvent estampillĂ©e «âŻfamilialeâŻÂ», met en scĂšne des trahisons, des vulgaritĂ©s et des corps sexualisĂ©s. Les enfants absorbent ces images â et les normalisent.
Lâimplication parentale ne sâarrĂȘte pas Ă lâinstallation dâun contrĂŽle parental. Elle suppose un dialogue, une prĂ©sence, une vigilance Ă©clairĂ©e. Car les enfants seront un jour confrontĂ©s Ă ce que dâautres laissent passer.
Cette attention Ă©ducative sâinscrit aussi dans une comprĂ©hension de la psychologie de lâenfant et de lâadulte. Jean Piaget, dans Le jugement moral chez lâenfant, rappelle lâimportance du dĂ©veloppement progressif de la conscience morale, de lâautonomie et du sens des rĂšgles. Lâadulte impliquĂ© doit ainsi porter un contenant stable et un cadre propice Ă lâĂ©panouissement.
đ Cas pratique : Patrick SĂ©bastien a publiĂ© une chanson grivoise intitulĂ©e «âŻSouffler dans la quĂ©quette Ă RaoulâŻÂ» (YouTube, 2022). Il y chante notamment :
«âŻY en a qui ont deux trous du cul, jâen ai mĂȘme connu quâen ont trois
Y a des filles qui ont des petites chattes qui miaulent comme les vraies
Et quand elles font miaou câest quâelles veulent se faire caresser
Et quand on souffle dans la quĂ©quette Ă Raoul Ăa fait tourner des pâtites boulesâŻÂ»
Bien que diffusĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux, cette chanson a circulĂ© massivement dans un contexte oĂč lâartiste Ă©tait invitĂ© Ă sâexprimer dans des mĂ©dias gĂ©nĂ©ralistes.
đ Cas pratique complĂ©mentaire : En 2022, dans lâĂ©mission La France a un incroyable talent, une candidate, ancienne gynĂ©cologue, se produit sur scĂšne en jouant de la flĂ»te avec son vagin. La sĂ©quence, bien que floutĂ©e, a Ă©tĂ© diffusĂ©e Ă heure de grande Ă©coute sur M6.

7. đ± Lien intergĂ©nĂ©rationnel et fracture collective
La communication intergénérationnelle est vitale pour maintenir une société cohérente. Or, plusieurs épisodes récents ont accentué une fracture : durant la crise sanitaire, les jeunes ont été présentés comme une menace pour les anciens ; dans le débat sur les retraites, on oppose les actifs aux retraités ; dans les médias, on caricature les boomers autant que la génération Z.
Cette division horizontale affaiblit la capacité de transmission. Une société ne peut pas fonctionner sans relais, sans mémoire, sans dialogue entre les ùges. La réussite collective passe par la reconnaissance mutuelle des parcours, des échecs, des leçons à transmettre.
đ Cas pratique : Un article du Monde (2020) analyse comment les liens entre gĂ©nĂ©rations ont Ă©tĂ© mis Ă rude Ă©preuve par la pandĂ©mie de Covid-19, avec des tensions familiales impactant aussi la vie professionnelle, illustrant la complexitĂ© de cette fracture.
Cette fracture ne concerne pas seulement les gĂ©nĂ©rations, mais aussi la maniĂšre dont nous communiquons au sein de la sociĂ©tĂ©. Le langage, les mots, les filtres Ă©motionnels et cognitifs façonnent notre capacitĂ© Ă nous entendre ou Ă nous opposer. Pour aller plus loin sur les mĂ©canismes invisibles qui dĂ©forment le dialogue public, lâarticle « Communication : entre expression, rĂ©ception⊠et dĂ©formation » propose un Ă©clairage prĂ©cieux sur la complexitĂ© des Ă©changes et les biais qui minent souvent notre Ă©coute mutuelle.

8. đ§œ Civisme, hygiĂšne sociale et engagement collectif
La libertĂ© se mesure dans le concret. Jeter un papier par terre, dĂ©grader un lieu public, se soustraire aux rĂšgles Ă©lĂ©mentaires, ce sont des actes Ă priori mineurs, mais Ă rĂ©pĂ©tition, ils nourrissent un climat dĂ©lĂ©tĂšre. Face Ă la crise climatique ou Ă la dĂ©sinformation, lâaction individuelle ne suffit pas, mais elle est souvent le point dâentrĂ©e. Aucune posture individuelle ne saurait remplacer lâaction collective, mais câest dans lâarticulation des deux que se construit une sociĂ©tĂ© solide.
Ce constat rejoint la critique de Neil Postman sur la distraction permanente qui affaiblit la capacitĂ© Ă sâengager sĂ©rieusement dans le civisme. Se distraire Ă en mourir, câest oublier que lâengagement social passe aussi par des efforts, de la patience, de la rĂ©flexion collective.
Sans une hygiĂšne sociale minimale â respect des espaces publics, des rĂšgles, des autres â la vie commune se dĂ©grade. Or, cet investissement commun exige un socle de conscience personnelle solide. Les deux sont indissociables.
Bernard Lahire, dans Lâhomme pluriel, insiste sur la complexitĂ© des appartenances et des identitĂ©s qui façonnent les comportements sociaux. Le civisme ne saurait ĂȘtre uniforme ni rĂ©duit Ă un cadre rigide : il doit intĂ©grer cette pluralitĂ© pour ĂȘtre efficace.
đ Cas pratique : Dans plusieurs villes françaises, les actes dâincivilitĂ©s tels que le dĂ©pĂŽt sauvage dâordures, le non-respect des rĂšgles sanitaires en espaces publics, ou les violences verbales dans les transports en commun fragilisent la cohĂ©sion sociale et nourrissent un climat de dĂ©fiance. Ă lâinverse, des initiatives citoyennes comme les groupes de nettoyage bĂ©nĂ©voles, les conseils de quartier actifs, ou les rĂ©seaux dâentraide de proximitĂ© (ex. plateformes de solidaritĂ© pendant la crise sanitaire) montrent que la responsabilisation collective est possible et porteuse dâun vrai renouveau social.

9. đ° Gouverner par la peur, fatigue Ă©motionnelle, surexposition et influence
Nous vivons dans une Ă©poque marquĂ©e par une surexposition constante Ă lâinformation. Les chaĂźnes dâinformation en continu, les rĂ©seaux sociaux, et la facilitĂ© dâaccĂšs Ă tout type de contenus crĂ©ent un flux ininterrompu qui sollicite sans cesse notre attention.
Cette hyperconnexion permanente favorise une forme de surcharge cognitive. Elle est aggravĂ©e par le stress du quotidien â mĂ©tro, boulot, dodo, rythmes effrĂ©nĂ©s, tensions au travail. Cette fatigue mentale limite la capacitĂ© de chacun Ă analyser et Ă trier lâinformation de façon critique.
Par ailleurs, nous ne sommes pas tous Ă©gaux face Ă cette surcharge : les capacitĂ©s dâattention, la rĂ©silience psychologique, et les ressources personnelles varient grandement. Ces facteurs contribuent Ă une vulnĂ©rabilitĂ© accrue face aux stratĂ©gies dâinfluence Ă©motionnelle, aux campagnes dâintimidation et Ă la dĂ©sinformation. La rĂ©pĂ©tition de messages anxiogĂšnes ou simplistes engendre un Ă©puisement intellectuel et Ă©motionnel favorisant la passivitĂ© ou des rĂ©actions impulsives.
đ Cas pratique :
- Le slogan vaccinal : «âŻTous vaccinĂ©s, tous protĂ©gĂ©sâŻÂ» est un mensonge manifeste. En effet, le vaccin ne protĂ©geait pas de la transmission du virus. Ce message erronĂ© a conduit Ă des comportements inadaptĂ©s, notamment un relĂąchement dans le respect des mesures dâhygiĂšne, telles que le lavage des mains.
- Communication prĂ©sidentielle : La minimisation des risques en France, comparĂ©e Ă lâItalie, a favorisĂ© des comportements irresponsables, comme la tenue dâun match de football Ă Lyon avec la venue massive de supporters italiens, foyer important de contamination.
- Enjeux commerciaux et confiance : La gestion sanitaire sâest mĂȘlĂ©e Ă des logiques commerciales, notamment liĂ©es aux industries pharmaceutiques et aux cabinets de conseil (Ă lâinstar de McKinsey), au dĂ©triment de la transparence et de la confiance citoyenne.

10. đ€ De lâindividu au collectif : une articulation nĂ©cessaire
Penser librement, ce nâest pas rejeter tout cadre. Câest comprendre pourquoi on fait confiance, jusquâoĂč on peut dĂ©lĂ©guer, et quand il faut reprendre la main. «âŻLa confiance nâexclut pas le contrĂŽleâŻÂ» : ce principe, fondement de toute dĂ©mocratie, permet de conjuguer autonomie personnelle et vigilance institutionnelle.
Dans une sociĂ©tĂ© complexe, faire confiance aux experts peut ĂȘtre nĂ©cessaire. Mais cela nâabsout pas le citoyen de son devoir de luciditĂ© : comprendre, questionner, sâinformer. Câest dans cette tension que sâexerce la maturitĂ© dĂ©mocratique.
Lâarticle «âŻRĂ©sister Ă lâingĂ©nierie sociale, penser librement, câest refuser dâĂȘtre manipulĂ©âŻÂ» souligne combien cette vigilance est un levier fondamental pour prĂ©server nos libertĂ©s.
Ce lien entre engagement personnel et cohésion collective est la clé pour résister aux conditionnements et préserver les libertés.
Des millions de personnes ont ainsi intĂ©grĂ© des restrictions exceptionnelles comme normes durables â parfois mĂȘme en les exigeant. Ce renversement du rapport gouvernants/gouvernĂ©s illustre la puissance de la sidĂ©ration collective.
Ă lâĂšre de la surcharge cognitive, la fatigue informationnelle, lâanxiĂ©tĂ© sociale et la sensation dâimpuissance sont des obstacles Ă lâexercice lucide de lâautonomie. Câest ce terrain que ciblent les influences Ă©motionnelles.
đ Cas pratique : La peur du virus pendant la pandĂ©mie a conduit Ă un Ă©puisement mental massif, amplifiĂ© par des messages anxiogĂšnes relayĂ©s en boucle dans les mĂ©dias. Par exemple, les surcharges hospitaliĂšres prĂ©sentĂ©es de maniĂšre alarmiste ont nourri un climat de panique. ParallĂšlement, des populations marginalisĂ©es ont vu leur situation sâaggraver avec peu dâaccompagnement. Ce contexte Ă©motionnel exacerbĂ© a affaibli la capacitĂ© des individus Ă garder un jugement critique.
Ce climat de sidĂ©ration collective souligne combien la maĂźtrise de ses Ă©motions est un prĂ©alable Ă lâexercice dâune autonomie responsable. Reprendre le contrĂŽle de ses Ă©motions, câest prĂ©server la capacitĂ© de juger. Lâautonomie individuelle passe aussi par une hygiĂšne mentale : couper, ralentir, douter â et choisir ce que lâon croit, ce que lâon transmet, ce que lâon fait.
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đ§© En guise de repĂšre
On ne naĂźt pas responsable. On le devient par Ă©tapes, par confrontation au rĂ©el, par lâĂ©ducation, par lâhabitude du doute constructif. Il ne sâagit pas de sermonner, ni de nier les contraintes qui pĂšsent sur chacun â mais de rappeler quâil existe toujours une marge de manĆuvre, un espace de conscience, une responsabilitĂ© minimale : celle de ne pas sâabandonner Ă lâirresponsabilitĂ©.
Et cela commence par une question simple : suis-je au clair avec ce que je fais, ce que je dis, et ce que cela implique ?
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* Le consentement libre et Ă©clairĂ© suppose lâabsence de contrainte directe. Pour les soignants suspendus, ce droit a Ă©tĂ© reconnu en thĂ©orie, mais exercĂ© sous une pression institutionnelle trĂšs forte, rendant sa portĂ©e contestable dâun point de vue Ă©thique. Cette contrainte sâavĂšre dâautant plus discutable que des soignants vaccinĂ©s mais positifs au COVID ont Ă©tĂ© maintenus en poste, malgrĂ© leur potentiel de contagiositĂ©. Ce dĂ©calage interroge Ă la fois la cohĂ©rence scientifique des mesures et la lĂ©gitimitĂ© des sanctions.
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đ§Ÿ Note de mĂ©thodologie
Cet article sâappuie sur une approche pluridisciplinaire mĂȘlant droit, sociologie, philosophie politique, Ă©thique et psychologie, afin de proposer un Ă©clairage pĂ©dagogique sur les responsabilitĂ©s individuelles dans un contexte de pressions sociales, institutionnelles et technologiques croissantes. Il ne prĂ©tend pas Ă lâexhaustivitĂ©, mais vise Ă stimuler la rĂ©flexion sur le rĂŽle actif du citoyen dans la prĂ©servation du lien collectif, de la pensĂ©e critique et des libertĂ©s fondamentales. Les exemples mobilisĂ©s sont choisis pour leur valeur illustrative et ne sauraient remplacer une analyse juridique ou scientifique exhaustive.
Note mise Ă jour pour mieux reflĂ©ter lâobjet et le cadre spĂ©cifique de cet article.
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đ Bibliographie indicative
- Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme, Seuil, 1972
- Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, Gallimard, 2002
- GĂŒnther Anders, Lâobsolescence de lâhomme, EncyclopĂ©die des nuisances, 2002
- Naomi Klein, La Stratégie du choc, Leméac/Actes Sud, 2008
- Neil Postman, Se distraire Ă en mourir, 1985 (fr. 2002)
- Bernard Lahire, Lâhomme pluriel, Seuil, 1998
- Jean Piaget, Le jugement moral chez lâenfant, 1932
- CNIL, Droit Ă lâimage et donnĂ©es personnelles, publications 2023
- Légifrance.gouv.fr, Codes civil, pénal, santé publique (consultations 2024)
- La France a un incroyable talent â FlĂ»te vaginale (https://www.20minutes.fr/television/4009280-20221109-france-incroyable-talent-femme-joue-flute-vagin)
- Le Monde â liens intergĂ©nĂ©rationnels & Covid (https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/09/04/les-liens-entre-generations-a-l-epreuve-du-covid-19_6050942_3224.html)
- YouTube â Chanson de Patrick SĂ©bastien (https://www.youtube.com/watch?v=M7hcaXstdMM)
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