Les États-Unis et le Venezuela : une ingérence néocoloniale au nom de la doctrine Monroe et du pétrole.

La volonté persistante des États-Unis de provoquer le départ du président vénézuélien Nicolás Maduro ne peut être comprise qu’à la lumière d’une logique impériale ancienne : Washington poursuit avant tout un objectif stratégique clair, celui d’empêcher l’émergence d’un monde multipolaire en Amérique latine et briser toute alliance qui échappe à son contrôle.

Le conflit entre les États-Unis et le Venezuela ne relève ni de la démocratie ni des droits humains, mais d’un affrontement brutal autour du contrôle des ressources et de l’influence géopolitique. Avec les plus grandes réserves de pétrole prouvées au monde, le Venezuela occupe une place stratégique majeure dans l’équilibre énergétique mondial. À cela s’ajoutent ses partenariats croissants avec la Chine, la Russie et l’Iran, qui offrent à Caracas des alternatives concrètes face à l’hégémonie américaine.

La doctrine Monroe : un instrument de domination dépassé

Proclamée en 1823, la doctrine Monroe — résumée par la formule « l’Amérique aux Américains » — a servi pendant deux siècles à justifier interventions, coups d’État, blocus économiques et guerres hybrides contre les nations latino-américaines cherchant à affirmer leur souveraineté. Du Guatemala au Chili, de Cuba au Nicaragua, cette doctrine a laissé derrière elle dictatures, chaos social et pillage des ressources.

Le Venezuela bolivarien s’inscrit en rupture frontale avec cet héritage. En refusant l’alignement automatique sur Washington et en diversifiant ses partenariats internationaux, Caracas remet en cause un ordre régional fondé sur la subordination politique et économique.

Le Venezuela possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, devant l’Arabie saoudite. Ce pétrole, concentré notamment dans la ceinture de l’Orénoque, représente un enjeu stratégique majeur pour les marchés énergétiques mondiaux. Tant que Caracas conserve le contrôle souverain de PDVSA et refuse la privatisation totale de son secteur pétrolier, il demeure un obstacle aux intérêts des multinationales occidentales.

Mais la richesse du Venezuela ne se limite pas au pétrole. Le pays dispose également d’importantes réserves de gaz naturel, d’or, de coltan, de fer, de bauxite et de diamants. Le coltan, essentiel à l’industrie électronique et militaire, est particulièrement convoité dans un contexte de rivalité technologique mondiale. Ces ressources font du Venezuela une cible stratégique dans la compétition globale pour l’accès aux matières premières critiques.

Sous les gouvernements d’Hugo Chávez puis de Nicolás Maduro, l’État vénézuélien a cherché à reprendre le contrôle de ces ressources au profit du développement national, rompant avec des décennies d’exploitation étrangère. Nationalisations, renégociation des contrats et politiques sociales financées par la rente pétrolière ont constitué le cœur du projet bolivarien. Ce choix politique a directement heurté les intérêts économiques des grandes puissances et de leurs entreprises.

Les sanctions américaines ont eu pour effet de bloquer l’exportation de ces richesses, d’empêcher leur transformation industrielle et de priver l’État de revenus essentiels. Cette asphyxie économique n’est pas un dommage collatéral, mais un levier stratégique visant à forcer un changement de régime et à rouvrir l’accès aux ressources vénézuéliennes sous des conditions favorables aux intérêts étrangers.

CIA et déstabilisation : une longue tradition régionale

Les accusations d’ingérence de la CIA au Venezuela s’inscrivent dans une continuité historique documentée. Coups d’État au Chili en 1973, opérations clandestines en Amérique centrale dans les années 1980, soutien à des groupes armés ou à des oppositions fabriquées : l’Amérique latine connaît trop bien ces méthodes pour les considérer comme de simples théories du complot.

Tentatives de coups d’État, sabotages économiques, campagnes de désinformation et reconnaissance de « présidents » autoproclamés comme Juan Guaidó témoignent d’une stratégie coordonnée visant à délégitimer l’État vénézuélien. Que Washington nie l’implication directe de la CIA ne surprend personne dans la région.

Un monde multipolaire en construction

Le rapprochement du Venezuela avec la Russie, la Chine et l’Iran n’est pas une menace, mais une conséquence logique de l’agression occidentale. Il illustre l’émergence d’un monde multipolaire où les pays du Sud ne veulent plus choisir entre soumission et isolement.

Contrairement au discours alarmiste de Washington, cette diversification des alliances offre aux pays latino-américains des marges de manœuvre nouvelles, fondées sur la coopération, le respect mutuel et la souveraineté nationale.

Les États-Unis souhaitent le départ de Nicolás Maduro afin de freiner l’influence russe, iranienne et chinoise en Amérique latine, notamment via le pétrole vénézuélien, selon Larry Johnson, ancien analyste de la CIA.

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