Depuis la fin de la Guerre froide, l’Ukraine occupe une place stratégique dans les relations entre la Russie et l’Occident. Entre 2010 et 2025, l’implication des États-Unis en Ukraine s’est intensifiée, passant d’un soutien diplomatique et économique à un appui militaire conséquent, en particulier à partir de l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014.
Parmi les acteurs-clés de cette implication figurent les agences de renseignement américaines, au premier rang desquelles la CIA (Central Intelligence Agency). Si les opérations de la CIA sont par définition classifiées, plusieurs éléments publics, rapports d’enquête, fuites de documents et déclarations officielles permettent de reconstituer une partie de ses actions en Ukraine.
2015–2021 : Opérations clandestines, formation et renseignement stratégique
Durant cette période, plusieurs indices montrent une implication continue de la CIA :
- Formation des services ukrainiens dans des bases discrètes en Europe de l’Est, voire sur le sol américain.
- Partage d’informations sensibles avec les forces ukrainiennes, notamment sur les mouvements russes, l’utilisation de mercenaires (ex : Wagner), ou les cyberattaques.
- Création de canaux sécurisés de communication entre la CIA et le gouvernement ukrainien.
Certains rapports suggèrent également que des opérations de surveillance électronique et de renseignement humain (HUMINT) ont été menées en Russie depuis le territoire ukrainien, avec l’appui technique ou logistique de la CIA.
Sous l’administration Obama, l’assistance restait principalement non létale, mais c’est paradoxalement sous Donald Trump, pourtant souvent accusé de sympathies pro-russes, que les premières livraisons d’armes létales (comme les missiles Javelin) ont été autorisées. Ce tournant montre que le soutien militaire américain à l’Ukraine n’a jamais été entièrement tributaire d’un consensus politique idéologique, mais aussi d’une logique stratégique visant à maintenir un levier d’influence sur le terrain.
2022–2023 : Rôle décisif dans la guerre contre la Russie
L’invasion à grande échelle de février 2022 marque un tournant : la CIA devient un acteur central de la guerre non déclarée entre les États-Unis et la Russie. Plusieurs faits étayent cette implication :
- Renseignement tactique : La CIA et d’autres agences (NSA, DIA) transmettent des informations en temps réel à l’Ukraine, permettant des frappes ciblées sur des généraux russes, des convois logistiques ou des dépôts d’armes.
- Conseillers spéciaux : Des officiers de la CIA (hors uniforme) seraient présents à Kyiv et dans d’autres centres de commandement, sans participation directe au combat.
- Réseaux d’agents : Des réseaux clandestins ont probablement été mis en place en Russie même, via des relais ukrainiens, pour surveiller ou saboter les lignes logistiques russes.
- Cyberguerre : Collaboration entre la CIA, la NSA, et les unités cyber ukrainiennes pour contrer ou mener des opérations informatiques contre la Russie.
Selon le Washington Post et d’autres sources fiables (ex : The Intercept, NYT), la coopération entre la CIA et les renseignements ukrainiens a atteint un niveau inédit, jusqu’à l’intégration dans certains processus décisionnels militaires.
Ainsi, l’action de la CIA en Ukraine illustre aussi les limites de la politique étrangère américaine, souvent guidée par la primauté stratégique plus que par un attachement sincère à l’autodétermination des peuples.
Plusieurs pays européens ont assumé une part croissante du fardeau financier, logistique et politique. Cela a permis à Washington de diluer sa responsabilité directe. Encore plus maintenant avec Trump, ce basculement implique que l’Europe paie désormais une grande partie de “la facture” d’un conflit où les États-Unis conservent, malgré tout, le rôle de superviseur stratégique, notamment à travers la CIA et d’autres agences d’influence. Cela pose une double contradiction.