Sarkozy : l’ombre de Frank Wisner Jr sur ses débuts en politique.

Sarkozy et George W Bush.

Nicolas Sarkozy et son demi-frère Olivier ont, tous deux à des degrés divers, été influencés par leur séjour au sein de la famille Wisner, pilier de l’élite américaine du renseignement et de la diplomatie. Cette immersion familiale dans les cercles du pouvoir transatlantique éclaire autant leurs trajectoires publiques que les réseaux qui ont pu favoriser leur ascension en politique ou en finance.

Origine et contexte familial

Après la séparation de Pal Sarkozy et Christine de Ganay, cette dernière épouse Frank Wisner Jr., diplomate américain issu d’une lignée emblématique de la CIA. Olivier Sarkozy, le demi-frère cadet de Nicolas, grandit ainsi dans l’orbite directe de Wisner Jr., vivant successivement en Zambie, en Égypte et au Royaume-Uni, selon les affectations diplomatiques de son beau-père. Nicolas, resté proche de sa belle-mère et de la nouvelle famille, multiplie les séjours aux États-Unis dans sa jeunesse, à une époque où il s’ouvre à la culture et aux réseaux américains.

Frank Wisner.

Les séjours de Nicolas et Olivier chez Frank Wisner Jr.

Olivier vit une enfance itinérante, de Paris à l’Afrique et l’Angleterre, au sein du couple Wisner et bénéficie d’une éducation cosmopolite. Si Nicolas Sarkozy n’a pas résidé de façon prolongée chez Wisner, il y séjourne à plusieurs reprises, au gré des vacances et des liens familiaux entretenus avec son demi-frère et sa belle-mère. Ce contact régulier avec l’élite diplomatique américaine, dans un environnement où circulent des informations et des contacts stratégiques — renforcés par les voyages de Wisner Jr. — fournit à Nicolas un prisme unique sur les relations transatlantiques et la puissance des réseaux anglo-saxons.

L’influence du réseau Wisner sur la carrière de Nicolas Sarkozy

Le « réseau Wisner », prolongation privée des réseaux d’influence américains issus du renseignement et de la diplomatie, a sans doute favorisé l’insertion de Sarkozy dans des cercles jusqu’alors fermés aux politiques françaises, en particulier gaullistes. Plusieurs sources mentionnent que, durant son ascension, Nicolas Sarkozy bénéficie de « programmes de formation » du département d’État américain, liant, dès les années d’apprentissage, ses perspectives politiques à un logiciel de gouvernance d’inspiration atlantiste. Ces réseaux auraient facilité ses premières visites d’État, lui ouvrant la porte de cercles influents outre-Atlantique, utiles lors de la structuration de ses soutiens à droite et de la prise de contrôle de l’UMP.

Frank Wisner à droite de la photo avec Bill Clinton au centre.

Il est particulièrement significatif que cette relation familiale avec les Wisner perdure bien après l’adolescence : David Wisner, fils de Frank Wisner Jr., a joué un rôle discret mais important pendant la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy. Sa présence dans l’équipe de campagne illustre le maintien et l’activation de ces réseaux familiaux à des moments-clés de la carrière politique de l’ex-président, confirmant un soutien qui dépasse le simple cadre familial pour s’inscrire dans une stratégie politique de premier plan.

David Wisner pendant la campagne présidentielle de  Nicolas Sarkozy en 2007.

L’influence sur la carrière d’Olivier Sarkozy

Olivier Sarkozy, quant à lui, tire profit de cette éducation dans un univers d’affaires mondialisé : études au Royaume-Uni, puis ascension fulgurante dans la banque d’investissement américaine, avant de rejoindre en 2008 la direction du groupe Carlyle, fonds d’investissement étroitement mêlé à l’establishment US. Carlyle a été présidé par Frank Carlucci, autre figure des services US, renforçant la proximité structurelle entre la carrière d’Olivier et les réseaux de pouvoir où s’entrecroisent les anciens de la CIA, les élites politiques et les dirigeants économiques. Si, vraisemblablement, son ascension est liée à ses compétences financières, plusieurs témoins soulignent l’entregent exceptionnel dont il dispose dans le monde anglo-saxon, facilité par le carnet d’adresses Wisner et l’héritage familial.

Olivier Sarkozy, directeur des services financiers de Carlyle de 2008 à 2016.

Cf article précédent sur Carlyle : https://tribunepopulaire.com/carlyle-au-coeur-de-letat-profond-us/

Carlyle, Carlucci et les réseaux transatlantiques

Le groupe Carlyle, dont Olivier Sarkozy a été codirecteur, incarne le capitalisme de connivence à l’américaine, à la jonction de la finance mondialisée, des contrats publics et du lobbying politique. Frank Carlucci, ancien secrétaire à la Défense et ex-directeur adjoint de la CIA, a longtemps présidé Carlyle, symbolisant la perméabilité entre sphère sécuritaire et fonds privés. Cette conjonction éclaire la facilité avec laquelle Olivier Sarkozy a pu opérer des deals de grande ampleur, confirmant la puissance du réseau familial tissé par les Wisner.

David Wisner, devenu diplomate du Département d’État.

Les séjours des jeunes Sarkozy chez Wisner Jr. n’ont pas été de simples épisodes familiaux. Ils illustrent l’imbrication des trajectoires individuelles dans un système de réseaux d’élite où le capital relationnel, hérité ou acquis, compte autant que le cursus académique classique. Si aucune source ne prouve un « complot » ou une planification directe de leur réussite, la disponibilité du réseau Wisner — à l’intersection de la diplomatie, du renseignement et de la haute finance — offre une clé de lecture de leur parcours exceptionnel et éclaire la place unique occupée par les Sarkozy dans la mondialisation des élites françaises.

La présence de David Wisner dans l’équipe de campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 témoigne que ces liens familiaux et d’influence n’étaient pas simplement symboliques ou passagers, mais qu’ils ont durablement structuré l’entourage et le soutien politique du candidat, notamment au moment clé de sa conquête de l’Élysée.

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